En 24 ans, il s’en passe des choses. Tout d’abord la naissance, le début de toutes vies en sommes. Celle de Léopoldine arriva le 15 septembre 1984 à Londres. Ce même jour, le prince Harry de Galles naquit. Mais ce n’est pas le sujet.
Une naissance des plus sereines pour Madame Smith qui eut à mettre au monde non pas un, mais deux jolis bébés à la fois. Des jumeaux, Leopoldine & Tobey. Une enfance calme & aisée s’offrait à eux, sans non plus être parfaite. Ils s’aimaient, ces deux gosses, ils se chamaillaient, certes, mais n’est-ce pas habituel chez les frères & sœurs ? Cet amour se transforma progressivement en une amitié pure & dure.
A l’âge de 5 ans, ils découvrirent les plaisirs de la navigation sur mer. Grace à leur père, un adjudant dans la marine, ils purent passer deux mois sur un navire français, & c’est un ainsi que leur totale fascination pour les bateaux apparue. Cinq années de plus passent. Il y a du mouvement dans la rue des Smith-Cooper. Dans la maison voisine. Même. Un camion de déménagement, autours duquel s’affairent cinq ou six personnes, stationne cinq mètres plus bas. Un emménagement, de nouveaux voisins… Peut-être même de nouveaux amis, qui sait ?
Au cours des premières semaines, personnes, je dis bien personnes, ne vit ces nouveaux voisins qui, eux, s’affairaient tant bien que mal pour avoir une maison à peu près présentable.
Puis, un jour, une mère assura à son enfant qu’il devrait aller saluer ses voisins qu’il côtoierait certainement à l’école ou dans un futur proche. Alors, les mains dans les poches de son jean, il s’était dirigé vers la maison la plus proche de chez lui. Passant devant la boite aux lettre, il put y lire « Smith-Cooper ». Cela pourrait lui servir, qu’il avait pensé en marchant sur les dans de l’allée qui menait à la petite maison.
En sonnant, il n’avait qu’une envie : rentrer chez lui & se planter devant des jeux vidéo. Mais, un doux visage apparu dans l’ouverture de la porte. Une fille, qui, timidement lui demanda qui était-il. Il semblait qu’ils avaient le même âge. Se présentant, il eut un léger sursaut lorsqu’une seconde bouille apparue au dessus de celle de la demoiselle. Ces deux personnes avaient les mêmes traits au niveau du visage, qu’il ne put s’empêcher de remarquer. Tobey ouvrit la porte entièrement lâchant nonchalamment un « t’as quel âge ? » banal & imposé par la curiosité. Deux secondes plus tard, en voyant les yeux de son frère s’illuminer, Leopoldine sut que ce petit brun allait faire un bout de chemin avec eux. & elle avait totalement raison.
Les années passaient, Pleasance & Tobey initièrent leur ami Marvin aux plaisirs de la marine, passant le plus clair de leur temps sur le port à regarder partir & arriver les grands paquebots & autres navires tous aussi majestueux.
L’adolescence prit sa place dans la vie des trois jeunes gens. Une période difficile lorsque l’on se trouve être la seule fille de cette petite bande. Car, évidemment, les deux jeunes hommes, eux, rêvent d’aven ures, de faires des conneries tandis que Leopoldine préfère restée bien tranquillement seule dans la chambre qu’elle partage avec son frère. Pourtant, un jour à la fin de sa quatorzième année, elle sortie avec des amies, & se vit en fin de soirée, proposer d’être raccompagner chez elle en voiture par un jeune homme qui n’était à priori pas louche. Mais c’est après quinze minutes de route qu’elle commença à s’inquiéter. Le jeune homme la fit monter chez lui, elle ne broncha pas. Prétextant un besoin pressant, elle s’enferma dans les toilettes & envoya un court texto à son frère où elle le suppliait de venir la chercher à l’adresse qu’elle lui écrivait à la suite.
Tobey passa chez Marvin, ils empruntèrent la voiture des Kennedy & partirent à vive allure. Pendant ce temps, Leopoldine tentait de repousser le moment fatidique où il s’approcherait un peu trop près d’elle.
Une vingtaine de minutes plus tard, on frappa à la porte, assez violemment alors que le jeune homme commençait à lui enlever son haut. Il se leva & ouvrit rapidement la porte, l’air nettement frustré. Ce n’était pas son frère, non, c’était deux policiers. Ils venaient la chercher. Mais où étaient son frère ? Leopoldine les suivit & monta dans leur voiture de patrouille. Et là, elle tomba des nues. Son frère, son jumeau, était mort. D’un accident. De voiture. Il était accompagné, d’un autre jeune homme. Un certain Marvin qu’ils lui ont dit. Il leur a dit avant de fermer les yeux de regarder dans le téléphone de son comparse, que c’était urgent. Ils l'emmenèrent à l'hôpital où se trouvait le survivant. Il s'en voulait certainement autant qu'elle s'en voulait. Marvin était dans un sale état, son visage était parsemé de blessures plus ou moins graves, son cou était entouré par une minerve, sa jambe était surélevée, retenue par une sorte de sangle.
Leopoldine n'aimait pas voir ses proches dans un état critique, voir ainsi son meilleur ami, l'a plongée dans une profonde dépression, qui, accumulée à la tristesse de la perte de son frère la fit sombré peu à peu dans la solitude, jusqu'à ne plus sortir du tout de chez elle durant plus de trois mois. Ces trois mois passés, Leo passa son temps libre chez Marvin, trouvant des prétextes abracadabrants pour pouvoir lui rendre visite. Elle avait besoin de sa compagnie, qui lui rappelait celle de son frère. C'est ainsi, qu'au fil des mois, tous deux se rapprochèrent, plus que des amis, ils devinrent amoureux. Ils avaient tout juste dix-sept ans, lorsque pour la première fois, ils virent chacun dans le regard de l'autre, une flamme auparavant inexistante. Ils s'embrassèrent, et tout s'enchaina rapidement. Ils formèrent un couple très soudé, d'autant plus que Marvin était encore sur chaise roulante, sa jambe ayant été très gravement frappée par l'accident.